Tosca, notes de mise en scène
L’histoire se déroule à Rome, le 14 juin 1800, le jour de la bataille de Marengo. Bataille mal engagée pour les armées françaises qui verront pourtant la victoire finale de Napoléon. Le contexte historique de l’œuvre est aussi précis que peu présent dans l’œuvre. Puccini a choisi de concentrer toute l’attention du spectateur sur ses trois personnages principaux. L’idée d’un Scarpia qui joue avec les amoureux Mario Cavaradossi et Floria Tosca comme avec des marionnettes m’a fasciné. Pour l’exprimer, Puccini a utilisé de façon récurrente le thème musical de Scarpia, même dans des scènes dont il est absent. A l’écoute de l’œuvre, il est évident que les « héros » sont les otages impuissants d’un destin implacable. La preuve : même mort, Scarpia gagne encore ! Mario est bel et bien exécuté sous les yeux de Tosca qui se donne la mort à sa suite.
Ces héros condamnés d’avance m’évoquent les films noirs : fatalité, angoisse, suspens sont les principaux ingrédients de cette tragédie. C’est pourquoi, j’ai choisi de nourrir mon inspiration de ce genre cinématographique. L’action se déroulera dans un monde sombre et inquiétant, laissant entrevoir dès le départ que tous nos personnages n’ont que quelques heures à vivre. L’aspect que je préfère dans mon travail a toujours été la direction d’acteur. Je mets un point d’honneur à diriger des chanteurs comme je le ferais avec des acteurs de théâtre afin qu’ensemble nous créions des personnages entiers, incarnés. Je suis particulièrement excité à l’idée de dessiner un Scarpia plus nuancé qu’une parfaite allégorie du mal. Il est ivre de pouvoir de toute évidence. Mais j’y vois un être subtilement manipulateur, séduisant grâce à son intelligence, avec ses fragilités troublantes, mais ne tolérant pas une seconde qu’on s’oppose à lui. Il me fait penser au cliché de l’homme politique moderne profitant de tous ses privilèges tant qu’il y a accès.